Sécheresse, baisse du niveau de l’eau, hausse de sa température : les libellules en souffrance dans la Vallée de l’Indre
CONTEXTE L’amélioration de la connaissance écologique du site Natura 2000 de la Vallée de l’Indre est l’un des 13 objectifs identifiés dans son document d’objectifs (DOCOB). Les espèces d’invertébrés classées au titre de l’annexe II de la Directive Habitats, Faune et Flore, espèces dites d’intérêt communautaire, sont particulièrement ciblées dans la réalisation des travaux d’inventaire et de suivi. C’est une action de priorité 1 dans le DOCOB.
La Mulette épaisse (Unio Crassus), seule espèce de moule d’eau douce d’intérêt communautaire en Vallée de l’Indre, a déjà fait l’objet de près de trois années d’expertises et de suivis qui se sont terminées à la fin de l’été 2021.
En parallèle, et particulièrement en 2022, les inventaires se sont tournés vers les odonates (libellules) et les lépidoptères (papillons, en particulier papillons de nuit).
Côté Indre-et-Loire, l’association Caudalis a été missionnée par le Pays Castelroussin Val de l'Indre pour réaliser des prospections des deux espèces d’odonate se reproduisant sur la rivière Indre : La Cordulie à corps fin et le Gomphe de Graslin. Les papillons n’ont pas été ciblés en 2022 puisqu’ils ont déjà fait l’objet de prospection en 2019.
Côté Indre, c’est l’association Indre Nature qui a réalisé ce travail portant à la fois sur les odonates et sur les lépidoptères, en particulier les espèces de papillon Cuivré des Marais et Damier de la Succise.
MÉTHODOLOGIE
Pour les odonates (libellules) Récolte d’exuvies depuis la rivière en canoë avec des arrêts de 10 minutes tous les 500 mètres de cours d’eau. Les observateurs descendent du canoë pour prospecter à pied les berges. Les points de récolte ont été déterminés en amont avec un logiciel de cartographie.
Pour les lépidoptères (papillons) Identification cartographique préalable des parcelles propices à l’accueil des deux espèces de papillon d’intérêt communautaire. Les prairies ouvertes ont été privilégiées ainsi que les parcelles de prairies engagées dans une mesure agro-environnementale et climatique
RÉSULTATS
Odonates
♦ Indre-et-Loire : La cordulie à corps fin, a été l’espèce la plus abondante avec 315 exuvies récoltées. Le Gomphe à pinces est la seconde espèce la plus représentée suivi de l’Aeschne paisible. L’Anax empereur, le Gomphe Vulgaire et la libellule déprimée ont aussi été observés à la marge. Quant au Gomphe de Graslin, il est absent de cette prospection, tout comme les autres gomphidés du genre gomphus, hormis le Gomphe à pinces qui connaît une tendance inverse. La période de récolte était pourtant particulièrement propice à l’observation de l’espèce. Une augmentation rapide du niveau de l’Indre intervenue un mois avant les prospections a pu entrainer le lessivage des exuvies (peau rejetée suite à la mue) situées entre 0 et 30 cm au-dessus de la ligne d’eau. Il est aussi possible d’expliquer ce constat par une régression des espèces, ce qui est par exemple le cas au niveau de la Loire.
♦ Indre : Comme dans la partie Indre-et-Loire, le Gomphe de Graslin n’a pas été observé, ce qui accentue l’hypothèse d’une mauvaise santé de l’espèce au sein de la Vallée de l’Indre. L’Agrion de Mercure et la Cordulie à corps fin ont quant à eux été observés au cours des 17 kilomètres parcourus en canoë. Près de 200 exuvies de Cordulie à corps fin ont été récoltées.
Les sécheresses successives entrainant de fortes variations du niveau de l’eau et une hausse de sa température sont préjudiciables aux libellules. Les larves se développent au niveau de berges végétalisées en contact de l’eau. Une trop forte baisse du niveau de l’eau rend ainsi difficile le développement des larves.
Lépidoptères
♦ Indre : Le Cuivré des Marais, au stade d’imago (forme définitive de l'insecte), a été observé à 9 reprises sur les communes de Châteauroux, Déols et Châtillon-sur-Indre. Il n’avait pas été observé lors des prospections 2021 en raison de conditions météorologiques défavorables. Cela conforte la présente de cette espèce et son bon état de conservation sur l’ensemble du site.
Le Damier de la Succise n’a malheureusement pas été observé.
PERSPECTIVES 2023
Poursuivre le suivi des odonates
Sur la partie Indre-et-Loire : le protocole de suivi de la dynamique des populations déployé sur le bassin de la Loire sera appliqué. Il permettra d’effectuer plusieurs récoltes d’exuvies dans la saison.
Sur la partie Indre : le protocole utilisé en 2022 sera de nouveau appliqué. Il permettra de faire des comparaisons avec le nouveau protocole qui sera employé côté Indre-et-Loire.